Un acteur d'urgence peut-il baptiser une victime ? Un secouriste gaucher peut-il se voir refuser d'intervenir par une famille ? Comment intervient-on un jour de Shabbat dans une famille juive ? Un acteur d'urgence est il autorisé à pénétrer dans la clôture d'un carmel ? En intervention, doit-il se déchausser dans un temple bouddhiste ou dans une mosquée ? Comment peut-on organiser un lieu de prière dans un centre d'hébergement d'urgence ? Quelles sont les précautions à prendre lors de la mise en place d'une chapelle ardente ?
Autant de questions, parmi d'autres, que l'acteur d'urgence (sapeur-pompier, secouriste, ambulancier, équipier SMUR…) est amené à prendre en compte. Face à la place croissante occupée par les religions et les cultures dans la société, il est important que les professionnels de l'urgence acquièrent les connaissances indispensables afin d'éviter des regrettables impairs aux conséquences parfois fâcheuses.
Fort de ce constat, les auteurs, formateurs secouristes et spécialistes dans les domaines des rites, des cultures et des religions, proposent un guide de référence unique.
Abondamment illustré et résolument concret, cet ouvrage apporte, au travers de 429 questions/réponses, les notions pour comprendre, anticiper et agir efficacement en intervention.
Partie 1 : repères pour comprendre les cinq grandes religions (judaïsme, christianisme, islam, hindouisme et bouddhisme) et certaines cultures (animiste et gens du voyage).
Partie 2 : comment intervenir auprès d'une victime que cela soit dans un édifice religieux, en pèlerinage ou lors d'une fête religieuse. Comment respecter les cultures et les religions en centre d'hébergement d'urgence ?
Partie 3 : comment intervenir dans le cadre d'un décès tant à domicile que lors d'une catastrophe ?
« Le guide des acteurs d'urgence face aux pratiques culturelles et religieuses » est un outil inédit indispensable pour tous les professionnels de l'urgence en quête d'informations de terrain ainsi que pour la formation initiale et continue.
Lire un extrait du guide des acteurs d'urgence face aux pratiques culturelles et religieuses
Le livre participe d’une prise de conscience de la dimension culturelle des interventions, sujet qui n’est pratiquement pas abordé dans les formations secouristes. Il est recommandable pour les formateurs, afin d’introduire un peu de ces aspects dans leurs mises en situation. Il servira aux chefs d’équipe, qui pourront s’en servir pour leurs briefings et débriefings d’interventions en contexte religieux. Et bien sûr, il est conseillé à tous les secouristes qui souhaitent se professionnaliser. Le livre peut servir d’outil d’auto-formation, mais surtout de référence dans laquelle replonger au fil des missions pour améliorer petit à petit sa pratique. www.secourisme.net
Dossier à lire
Laïcité : comment concilier pratique médicale et religion ?, Bulletin d'information de l'Ordre national des médecins, sept.-oct. 2013.
http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/cn_bulletin/medecins31_1.pdf
www.infirmiers.com - Février 2016
Isabelle Levy et Loïc Cadiou, auteurs de l'ouvrage « Le guide des acteurs d'urgence face aux pratiques culturelles et religieuses », expliquent, au travers d'une interview, comment, dans l'urgence, concilier une prise en charge optimale et les pratiques culturelles et religieuses.
Infirmiers.com – Quelle est la conduite à tenir lors d'une intervention dans un lieu de culte?
Même dans l'urgence, il est nécessaire de respecter les pratiques culturelles et religieuses des patients.
Isabelle Lévy et Loïc Cadiou - À la réception de l’appel, il faut se faire préciser où la personne appelante attendra (portail, porte d’un transept -préciser lequel-…) de façon à accéder le plus rapidement possible à la victime. Il faut bien évidemment demander le nom et le titre de la personne appelante. Par ailleurs, en fonction du jour, le lieu de culte peut afficher une sur-occupation à l’occasion de grandes fêtes religieuses (Pessah, Noël, Ramadan…) ou lors du jour hebdomadaire sacré (shabbat pour les juifs, messe dominicale pour les chrétiens, grande prière du vendredi pour les musulmans). Cette sur-occupation peut ralentir la progression vers la victime et rendre difficile son approche. Il ne faut pas hésiter à demander que le nécessaire soit fait pour faciliter cette progression (cordon fait par une chaîne humaine), idem lors de l’évacuation de la victime.
Sur place, il est inutile de vouloir chercher à interpeller un religieux par son titre, l’important est de s’adresser à lui avec respect et bienveillance. Ils se montreront toujours disponibles pour initier, organiser, mettre en relation… « Monsieur » ou « Madame » suffira donc en toute occasion. Il ne doit jamais être surpris de devoir s’adresser parfois à une femme dans un lieu de culte : il existe des femmes pasteurs, des femmes rabbins (chez les juifs libéraux uniquement)… Il convient également de :
Infirmiers.com – Les acteurs d'urgence peuvent-ils donner le baptême ?
IL et LC - Lors d’une fin de vie imminente et en l’absence d’un religieux… Dans le cas d’une fin de vie imminente et en l’absence d’un prêtre, le baptême peut être donné par toute personne respectant les rites de l’Église (parent, proche, acteur d’urgence) à un enfant (avec le consentement de ses parents) ou un adulte (s’il en fait la demande expresse) à l’agonie, en présence de témoins. La célébration sera notifiée par écrit sur la fiche d’intervention et certifiée par les signatures des témoins. Un double sera remis aux parents ou à un membre de la famille.
Infirmiers.com – De manière générale, quelle est la conduite à tenir à domicile ?
IL et LC - À domicile, plusieurs précautions sont à prendre :
Il faut également savoir qu'il vaut mieux interroger son interlocuteur de préférence lorsqu’il est assis. Debout ou près d’une porte, il risquerait d’interpréter vos propos comme sans intérêt. Si on veut obtenir un véritable dialogue, il faut prendre le temps de s’asseoir en face de lui, à même hauteur et surtout, dans un premier temps, l’écouter sans l’interrompre. Tout d’abord, il peut vous transmettre des informations très importantes relatives aux circonstances de l’incident. Plus encore, si vous l’interrompez, il risquerait de se braquer par votre manque de politesse et refuser de vous faire confiance dans les suites de la prise en charge. Par ailleurs, dans de nombreuses cultures, il est impoli de dire « non ». D'où l'intérêt de poser des questions ouvertes, et non fermées.
Infirmiers.com – Quelle est la conduite à tenir en centre d'hébergement d'urgence ?
IL et LC - Premièrement, il faut aménager les lieux de couchage et les sanitaires en tenant compte des différentes cultures. Dans l'idéal, il faut faire en sorte de faire participer toutes les communautés représentées pour l'aménagement des zones de vie (couchage, cuisine, infirmerie, école, sanitaires, toilettes…). Ensuite, il faut pouvoir proposer des repas en adéquation avec la culture et la religion. Cela passe par le respect des interdits alimentaires d'origine religieuse ou culturelle. Par ailleurs, le lieu de culte doit être pluriconfessionnel, et par conséquent neutre dans sa décoration.
Infirmiers.com – D'autres conseils à donner aux acteurs d'urgence face au respect des pratiques culturelles et religieuses d'une victime ?
IL et LC - Nous avons une petite liste de dix commandements à respecter :
Partie 1 : Repères pour comprendre les religions et les cultures
Partie 2 : Intervenir auprès d'une victime
Partie 3 : Intervenir dans le cadre d'un décès
Annexes
Bibliographie