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Le guide des acteurs d'urgence face aux pratiques culturelles et religieuses

SETES (2012) – 18 euros

Un acteur d'urgence peut-il baptiser une victime ? Un secouriste gaucher peut-il se voir refuser d'intervenir par une famille ? Comment intervient-on un jour de Shabbat dans une famille juive ? Un acteur d'urgence est il autorisé à pénétrer dans la clôture d'un carmel ? En intervention, doit-il se déchausser dans un temple bouddhiste ou dans une mosquée ? Comment peut-on organiser un lieu de prière dans un centre d'hébergement d'urgence ? Quelles sont les précautions à prendre lors de la mise en place d'une chapelle ardente ?
Autant de questions, parmi d'autres, que l'acteur d'urgence (sapeur-pompier, secouriste, ambulancier, équipier SMUR…) est amené à prendre en compte. Face à la place croissante occupée par les religions et les cultures dans la société, il est important que les professionnels de l'urgence acquièrent les connaissances indispensables afin d'éviter des regrettables impairs aux conséquences parfois fâcheuses.
Fort de ce constat, les auteurs, formateurs secouristes et spécialistes dans les domaines des rites, des cultures et des religions, proposent un guide de référence unique.
Abondamment illustré et résolument concret, cet ouvrage apporte, au travers de 429 questions/réponses, les notions pour comprendre, anticiper et agir efficacement en intervention.

Partie 1 : repères pour comprendre les cinq grandes religions (judaïsme, christianisme, islam, hindouisme et bouddhisme) et certaines cultures (animiste et gens du voyage).
Partie 2 : comment intervenir auprès d'une victime que cela soit dans un édifice religieux, en pèlerinage ou lors d'une fête religieuse. Comment respecter les cultures et les religions en centre d'hébergement d'urgence ?
Partie 3 : comment intervenir dans le cadre d'un décès tant à domicile que lors d'une catastrophe ?

« Le guide des acteurs d'urgence face aux pratiques culturelles et religieuses » est un outil inédit indispensable pour tous les professionnels de l'urgence en quête d'informations de terrain ainsi que pour la formation initiale et continue.

Lire un extrait du guide des acteurs d'urgence face aux pratiques culturelles et religieuses


La presse en parle

Le livre participe d’une prise de conscience de la dimension culturelle des interventions, sujet qui n’est pratiquement pas abordé dans les formations secouristes. Il est recommandable pour les formateurs, afin d’introduire un peu de ces aspects dans leurs mises en situation. Il servira aux chefs d’équipe, qui pourront s’en servir pour leurs briefings et débriefings d’interventions en contexte religieux. Et bien sûr, il est conseillé à tous les secouristes qui souhaitent se professionnaliser. Le livre peut servir d’outil d’auto-formation, mais surtout de référence dans laquelle replonger au fil des missions pour améliorer petit à petit sa pratique. www.secourisme.net

Dossier à lire

Laïcité : comment concilier pratique médicale et religion ?, Bulletin d'information de l'Ordre national des médecins, sept.-oct. 2013.
http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/cn_bulletin/medecins31_1.pdf

 

www.infirmiers.com - Février 2016

 

Isabelle Levy et Loïc Cadiou, auteurs de l'ouvrage « Le guide des acteurs d'urgence face aux pratiques culturelles et religieuses », expliquent, au travers d'une interview, comment, dans l'urgence, concilier une prise en charge optimale et les pratiques culturelles et religieuses.

 

Infirmiers.com – Quelle est la conduite à tenir lors d'une intervention dans un lieu de culte?

 

livre de prières

Même dans l'urgence, il est nécessaire de respecter les pratiques culturelles et religieuses des patients.

 

Isabelle Lévy et Loïc Cadiou - À la réception de l’appel, il faut se faire préciser où la personne appelante attendra (portail, porte d’un transept -préciser lequel-…) de façon à accéder le plus rapidement possible à la victime. Il faut bien évidemment demander le nom et le titre de la personne appelante. Par ailleurs, en fonction du jour, le lieu de culte peut afficher une sur-occupation à l’occasion de grandes fêtes religieuses (Pessah, Noël, Ramadan…) ou lors du jour hebdomadaire sacré (shabbat pour les juifs, messe dominicale pour les chrétiens, grande prière du vendredi pour les musulmans). Cette sur-occupation peut ralentir la progression vers la victime et rendre difficile son approche. Il ne faut pas hésiter à demander que le nécessaire soit fait pour faciliter cette progression (cordon fait par une chaîne humaine), idem lors de l’évacuation de la victime.

 

Sur place, il est inutile de vouloir chercher à interpeller un religieux par son titre, l’important est de s’adresser à lui avec respect et bienveillance. Ils se montreront toujours disponibles pour initier, organiser, mettre en relation… « Monsieur » ou « Madame » suffira donc en toute occasion. Il ne doit jamais être surpris de devoir s’adresser parfois à une femme dans un lieu de culte : il existe des femmes pasteurs, des femmes rabbins (chez les juifs libéraux uniquement)… Il convient également de :

 

  • ne pas tendre la main pour saluer (un homme à une femme) mais préférer un hochement de la tête (judaïsme, islam, hindouisme, bouddhisme… comme dans les abbayes comme dans les carmels) ;
  • s’il s’agit d’un édifice où il est coutume de se déchausser, pensez à mettre, si possible des surchaussures. Passer outre s’il s’agit d’une urgence vitale ;
  • ne jamais refuser l’escorte que l’on vous propose pour vous diriger dans les lieux ;
  • se renseigner si un fidèle est déjà intervenu sur la victime et a prodigué des soins, dans le cas où la personne ne se présenterait pas d’elle-même ;
  • décider en concertation avec le religieux, si l’office doit être arrêté (si ce n’est pas déjà fait) et si l’édifice doit être évacué pour une meilleure prise en charge de la victime ;
  • penser à mettre une couverture de survie, un drap, une bâche sous la victime en guise de protection des lieux ;
  • respecter les lieux : y entrer avec discrétion, y parler à voix basse, avoir des gestes non brusques... ;
  • éviter de s’adresser aux fidèles en prière ou restant en retrait de l’équipe d’urgence…

 

Infirmiers.com – Les acteurs d'urgence peuvent-ils donner le baptême ?

 

IL et LC - Lors d’une fin de vie imminente et en l’absence d’un religieux… Dans le cas d’une fin de vie imminente et en l’absence d’un prêtre, le baptême peut être donné par toute personne respectant les rites de l’Église (parent, proche, acteur d’urgence) à un enfant (avec le consentement de ses parents) ou un adulte (s’il en fait la demande expresse) à l’agonie, en présence de témoins. La célébration sera notifiée par écrit sur la fiche d’intervention et certifiée par les signatures des témoins. Un double sera remis aux parents ou à un membre de la famille.

 

Infirmiers.com – De manière générale, quelle est la conduite à tenir à domicile ?

 

IL et LC - À domicile, plusieurs précautions sont à prendre :

 

  • ne pas tendre la main pour saluer (un homme à une femme) ;
  • éviter de tendre quoi que ce soit à une personne avec la main gauche (main considérée impure pour l’islam et l’hindouisme). De même  dans la culture chinoise par pudeur ;
  • ne pas toucher les objets de culte (sauf nécessité absolue) ;
  • ne pas éteindre les cierges, les lampes à beurre et les bougies (sauf si danger d’incendie ou d’explosion) ;
  • ne pas toucher la tête de la victime (sauf si nécessaire) ;
  • ne pas montrer du doigt une personne ou la représentation d’une divinité ;
  • ne pas chercher à regarder son interlocuteur droit dans les yeux (surtout s’il est du sexe opposé), plus particulièrement lorsqu’il est malade…

 

Il faut également savoir qu'il vaut mieux interroger son interlocuteur de préférence lorsqu’il est assis. Debout ou près d’une porte, il risquerait d’interpréter vos propos comme sans intérêt. Si on veut obtenir un véritable dialogue, il faut prendre le temps de s’asseoir en face de lui, à même hauteur et surtout, dans un premier temps, l’écouter sans l’interrompre. Tout d’abord, il peut vous transmettre des informations très importantes relatives aux circonstances de l’incident. Plus encore, si vous l’interrompez, il risquerait de se braquer par votre manque de politesse et refuser de vous faire confiance dans les suites de la prise en charge. Par ailleurs, dans de nombreuses cultures, il est impoli de dire « non ». D'où l'intérêt de poser des questions ouvertes, et non fermées.

 

Infirmiers.com – Quelle est la conduite à tenir en centre d'hébergement d'urgence ?

 

IL et LC - Premièrement, il faut aménager les lieux de couchage et les sanitaires en tenant compte des différentes cultures. Dans l'idéal, il faut faire en sorte de faire participer toutes les communautés représentées pour l'aménagement des zones de vie (couchage, cuisine, infirmerie, école, sanitaires, toilettes…). Ensuite, il faut pouvoir proposer des repas en adéquation avec la culture et la religion. Cela passe par le respect des interdits alimentaires d'origine religieuse ou culturelle. Par ailleurs, le lieu de culte doit être pluriconfessionnel, et par conséquent neutre dans sa décoration.

 

Infirmiers.com – D'autres conseils à donner aux acteurs d'urgence face au respect des pratiques culturelles et religieuses d'une victime ?

 

IL et LC - Nous avons une petite liste de dix commandements à respecter :

 

  1. La Loi républicaine se place au-dessus des religions, des usages, des traditions et des coutumes.
  2. Tout interdit religieux doit être transgressé pour sauvegarder la vie d’un homme, d’une femme ou d’un enfant, y compris dans un lieu de culte, lors d’une cérémonie religieuse ou sur un lieu de pèlerinage.  
  3. Les équipes d’urgence se doivent d’afficher une stricte neutralité religieuse dans leur tenue vestimentaire, leurs paroles et leurs actes en toutes circonstances.
  4. Les équipes d’urgence doivent traiter sans aucune discrimination les patients et respecter leur liberté de conscience sans jamais aller à l’encontre des règles déontologiques.
  5. La pratique religieuse du patient (prières, jeûnes, interdits spirituels…) ne doit jamais aller à l’encontre de la dispensation des soins.
  6. Tout intermédiaire culturel ou religieux sera le bienvenu s’il œuvre dans l’intérêt de la victime.
  7. La prise en charge de la majorité des victimes ne doit pas être troublée par celle de quelques unes.
  8. La composition de l’équipe d’intervention ne doit pas être modifiée en fonction des exigences d’une communauté mais répondre toujours aux exigences du terrain.
  9. Les prescriptions médicales ne doivent pas être mises, systématiquement, en cause par des proches du patient, plus préoccupés par le respect de leurs croyances que par celui de la vie de la victime.  
  10. La nécessité fait loi en toute situation d’urgence.

 

Pour en savoir plus

 

Table

Partie 1 : Repères pour comprendre les religions et les cultures

Partie 2 : Intervenir auprès d'une victime

Partie 3 : Intervenir dans le cadre d'un décès

Annexes

 

Bibliographie